Street art au Maroc : Casa et Rabat, capitales du graffiti urbain

Loin des clichés orientalistes, le Maroc contemporain se réinvente à travers une nouvelle forme d'expression artistique qui investit massivement l'espace public. Depuis peu, une nouvelle génération d'artistes marocains investit l'espace public pour dessiner son univers à grande échelle, et changer la face de villes comme Rabat ou Casablanca. Ces deux métropoles se sont imposées comme les véritables laboratoires du street art marocain, offrant aux artistes locaux et internationaux des murs qui racontent une histoire nouvelle du royaume.

Casablanca, pionnière du mouvement

Le street art a démarré à Casablanca en 2013 initié par l'association casablancaise L'Boulverad. Le projet Sbagha Bagha a donné à la ville ses premières fresques murales. Ce qui n'était au départ qu'une initiative culturelle modeste s'est progressivement transformé en un véritable phénomène urbain. Depuis plusieurs collectifs d'artistes se sont investis pour transformer Casablanca en une immense galerie à ciel ouvert.

Le festival Sbagha Bagha, dont le nom signifie littéralement "il l'a coloré" en darija, constitue l'événement phare de cette scène émergente. Depuis sa création en 2013, le festival Sbagha Bagha s'est imposé comme un évènement phare du street art au Maroc, en l'occurrence à Casablanca. Il a permis à de nombreux artistes marocains de s'imposer dans le domaine. L'événement rassemble chaque année des artistes venus du monde entier qui s'approprient les murs de la capitale économique pour créer des œuvres monumentales.

La démarche casablancaise ne se limite pas à une simple décoration urbaine. Pépinière de jeunes talents, le festival veut impulser les scènes locales et les dynamiques artistiques parallèles à son organisation. Cette approche inclusive permet de révéler des talents locaux tout en créant une émulation artistique durable.

Rabat et le festival Jidar : l'art urbain institutionnalisé

La capitale administrative n'est pas en reste. Chaque printemps, Rabat, la capitale du Maroc, se transforme en une galerie d'art à ciel ouvert, grâce au festival Jidar. Le nom "Jidar", qui signifie "mur" en arabe, reflète parfaitement l'ambition de ce festival qui transforme l'architecture urbaine en support artistique.

Du 18 au 28 avril 2024 Cœur battant du festival, la réalisation de fresques murales mobilise les plus grands noms du street art national et international. Cette année, onze artistes issus de huit pays différents projetteront leur imaginaire sur dix murs éparpillés dans divers quartiers. Cette dimension internationale permet aux artistes marocains de confronter leurs pratiques à celles d'autres cultures tout en affirmant leur identité artistique propre.

Une scène artistique en pleine effervescence

Au-delà des festivals, la scène du street art marocain révèle des personnalités artistiques remarquables. Samir Toumi est a now renowned artist who began learning graffiti by creating it in support of his soccer team Wydad AC. Toumi's pieces have the appearance of collages, and are often sepia-toned. Cette fusion entre passion sportive et expression artistique illustre parfaitement l'ancrage populaire du mouvement.

Depuis 2017, la ville de Casablanca à travers son programme de marketing territorial wecasablanca a lancé le projet Casamouja Urban Art Wave dont l'objectif est de participer à l'embellissement de la ville et donner une véritable tribune aux artistes marocains pour exposer leurs œuvres au grand public. Cette institutionnalisation progressive témoigne de la reconnaissance croissante du street art comme forme d'art légitime.

Entre tradition et modernité : un art de la transgression contrôlée

On the edge of permissible, legitimate, and colonial, street art in Morocco is characterized by the constant oscillation between subversive and subverted practices, between vandal and marketed art, between postcolonial revendication and dominated praxis. Cette tension permanente entre subversion et acceptation sociale caractérise la spécificité du street art marocain.

Les artistes naviguent habilement entre respect des codes culturels locaux et expression d'une modernité assumée. Leurs œuvres dialoguent avec l'architecture urbaine, qu'il s'agisse des façades Art déco de Casablanca ou des constructions contemporaines de Rabat, créant un métissage visuel original.

L'impact social et urbain du mouvement

Le street art marocain ne se contente pas de décorer les murs ; il participe activement à la transformation sociale des espaces urbains. Sbagha Bagha 2019 : Le street art pour impulser le dynamisme d'un quartier illustre cette dimension sociale. Les festivals deviennent des catalyseurs de développement local, attirant un public diversifié et contribuant à changer l'image de certains quartiers.

L'art urbain marocain fonctionne également comme un vecteur d'intégration générationnelle. Les œuvres créent un langage commun entre les jeunes artistes et les habitants plus âgés, permettant un dialogue interculturel au cœur des villes.

Vers une reconnaissance internationale

Le dynamisme du street art marocain dépasse désormais les frontières nationales. Casablanca is part of Street Art Cities, the biggest database of street art from all over the world. Cette reconnaissance internationale permet aux artistes marocains de s'inscrire dans un réseau mondial tout en préservant leur identité culturelle.

Les festivals de Casablanca et Rabat attirent désormais des artistes de renommée mondiale, créant un effet d'émulation qui élève le niveau général de la production artistique locale. Cette dynamique vertueuse participe à l'émergence d'une véritable école marocaine du street art, reconnaissable par ses thématiques et son esthétique particulière.

Conclusion

Casablanca et Rabat se sont imposées comme les capitales incontournables du street art au Maroc, chacune avec sa spécificité. Casablanca, avec son approche plus populaire et spontanée, et Rabat, avec sa dimension plus institutionnelle et internationale, créent ensemble un écosystème artistique riche et dynamique. Ce mouvement artistique témoigne d'une jeunesse marocaine qui s'approprie l'espace public pour exprimer sa vision du monde, créant un art urbain authentiquement marocain tout en s'inscrivant dans une dynamique mondiale. Le street art marocain n'est plus seulement un phénomène de mode, mais bien une composante durable du paysage culturel contemporain du royaume.